Kia entre trois dualités
1996-15/7/2013
woensdag 16 juli 2014
vrijdag 14 juni 2013
La terre n'est pas une vallée de larmes
Viens de terminer la lecture du facsimilé de "La terre n'est pas une vallée de larmes" chez La Boétie.Un numéro unique, publié en 1945 par Marcel Mariën, après avoir rassemblé des textes avec Christian Dotremont pendant la guerre. Des textes de Noël Arnaud, André Breton, René Char, Oscar Dominguez, Christian Dotremont, Paul Éluard, Irène Hamoir, René Magritte, Marcel Mariën, Paul Nougé, Henri Parisot, Pablo Picasso, Charles Pry, Raymond Queneau, Louis Scutenaire et Raoul Ubac.
Riche récolte d'aphorismes.
De Christian Dotremont avant tout:
Nous usons de mots pour parler de légumes, et d'hégelianisme. Mais non de légumes pour parler des mots.
Un objet est grand si peu de mots le délimitent, le partagent.
'Ce sucre n'est pas en morceaux', dit-il. L'image mentale montre du sucre en morceaux.
On peut répéter 'je' dix fois en trois lignes, mais non 'narguer', ou 'violon', 'jeu'.
Devenu particulier, un fait change de nom: 'habitude' devient 'intoxication'. Et devenu général: 'superstition' devient 'religion', 'foi'. Le secret est que tous les mots sont plus ou moins synonymes. Mais qu'il n'est pas deux mots jumeaux.
Riche récolte d'aphorismes.
De Christian Dotremont avant tout:
Nous usons de mots pour parler de légumes, et d'hégelianisme. Mais non de légumes pour parler des mots.
Un objet est grand si peu de mots le délimitent, le partagent.
'Ce sucre n'est pas en morceaux', dit-il. L'image mentale montre du sucre en morceaux.
On peut répéter 'je' dix fois en trois lignes, mais non 'narguer', ou 'violon', 'jeu'.
Devenu particulier, un fait change de nom: 'habitude' devient 'intoxication'. Et devenu général: 'superstition' devient 'religion', 'foi'. Le secret est que tous les mots sont plus ou moins synonymes. Mais qu'il n'est pas deux mots jumeaux.
De Marcel Mariën:
Je fus ma mère pendant huit mois et des jours.
Couper une poire en deux ( ou tout autre objet), ce n'est pas toucher à l'intérieur de la matière, mais l'agrandir, créer comme un nouvel 'extérieur', additionner le monde d'une image.
Et dans un long texte sur Magritte d'un des plus grands aphoristes:
Magritte est un grand peintre, Magrite n'est pas un peintre.
(Louis Scutenaire)
woensdag 20 juni 2012
Les petits métiers méconnus: le gardien de phare
On se demande entre quoi ils ont coincé les tartines.
C'est dur, la vie d'un gardien de phare.
"Bonjour mon gars, on t'a apporté des tartines."
"On se les a coincé entre les fesses…"
"…Comme ça elle risquaient pas…
"…de tomber à l'eau."
"Moi c'est jambon-beurre."
"Moi c'est au chocolat."
donderdag 12 januari 2012
Les Fous Littéraires online #003
Lélut, Louis-François (66)
L'amulette de Pascal: pour servir à l'histoire des hallucinations (392 p)
Table:
Du même, non cité par Blavier:
Du démon de Socrate, spécimen d'une application de la science psychologique à celle de l'histoire (371 p)
Table de cet ouvrage:
Le très sérilleux Emmanuel Chauvet, historien et philosophe des sciences, consacra en 1870 une monographie à Lelut:
Déjà à l'époque on évoquait donc une ébauche de la Grand Unifying Theory, la théorie qui engloberait tout, qui produirait les quadrateurs du XX- et XXIième siècle. Quoiqu'à un tel niveau d'abstraction il semble fort arrogant de parler de folie scientifique, toutes ces théories étant tellement spécialisées, paradoxalement, que seul une poignée d'expert peuvent en discuter; et certaines théorie ont l'heur de plaire le temps qu'il faut (tel la String Theory); néanmoins leur nombre croissant donne lieu à douter que la folie parfois n'est pas loin.
Pour en revenir à Chauvet et son appel à une science holistique, "S'il est deux sciences faites pour vivre dans un commerce familier, c'est à coup sûr la philosophie, par où j'entends la science de l'homme moral, et la médecine, par où j'entends la science de l'homme physique". La médecine de son temps (et en majeure partie du nôtre) est matérialiste et phénoménologique. Ce que nous nommons la conscience ou l'esprit manquent à l'équation. Soit. En tant que grande exception à cette règle Chauvet cite Lélut, médecin aliéniste fort connu à l'époque parmi ses confrères pour ses critiques de la phrénologie, mais moins connu pour ses deux ouvrages cités ci-dessus, se trouvant au carrefour de la philosophie et de la médecine.
Lélut étudie Socrate, ses visions et ses daimons, et analyse la magie hermétique des images à travers un feuillet découvert sur le grand rationaliste Pascal au moment de sa mort.
Facsimilé de l'écrit trouvé dans le pourpoint de Pascal après sa mort:
A mon avis somme toute des ouvrages de philosophie hermétique, tout au plus un peu étranges (tout comme la monadologie de Leibniz) qui au premier abord ne me semblent pas l'oeuvre d'un fou mais d'un érudit eccentrique comme on les aime.
Les médecins-philosophes contemporains, M. Lélut (384 p)
Chauvet débute par déplorer l'état des sciences de son époque "Une multitude infinie de sciences particulières, non-seulement distinctes, mais séparées, isolées, indépendantes, ignorantes ou dédaigneuses les unes des autres, se développant dans la solitude et s'y complaisant. Autrefois, naguère, les savants avaient la généreuse ambition de l'universalité: il leur paraissait que les sciences sont si étroitement liées entre elles que, pour en posséder une, il faut les embrasser toutes". "L'univers comprend mille parties différentes; mais toutes ces parties, liées entre elles par un merveilleux enchaînement, une harmonie sublime, un ordre divin". "Comme toutes les parties de l'univers ne composent qu'un seul univers parfaitement un, toutes les différentes sciences ne doivent composer qu'une seule science parfaitement une".Déjà à l'époque on évoquait donc une ébauche de la Grand Unifying Theory, la théorie qui engloberait tout, qui produirait les quadrateurs du XX- et XXIième siècle. Quoiqu'à un tel niveau d'abstraction il semble fort arrogant de parler de folie scientifique, toutes ces théories étant tellement spécialisées, paradoxalement, que seul une poignée d'expert peuvent en discuter; et certaines théorie ont l'heur de plaire le temps qu'il faut (tel la String Theory); néanmoins leur nombre croissant donne lieu à douter que la folie parfois n'est pas loin.
Pour en revenir à Chauvet et son appel à une science holistique, "S'il est deux sciences faites pour vivre dans un commerce familier, c'est à coup sûr la philosophie, par où j'entends la science de l'homme moral, et la médecine, par où j'entends la science de l'homme physique". La médecine de son temps (et en majeure partie du nôtre) est matérialiste et phénoménologique. Ce que nous nommons la conscience ou l'esprit manquent à l'équation. Soit. En tant que grande exception à cette règle Chauvet cite Lélut, médecin aliéniste fort connu à l'époque parmi ses confrères pour ses critiques de la phrénologie, mais moins connu pour ses deux ouvrages cités ci-dessus, se trouvant au carrefour de la philosophie et de la médecine.
Lélut étudie Socrate, ses visions et ses daimons, et analyse la magie hermétique des images à travers un feuillet découvert sur le grand rationaliste Pascal au moment de sa mort.
Facsimilé de l'écrit trouvé dans le pourpoint de Pascal après sa mort:
Leber, Constant (80)
Catalogue des livres de la bibliothèque de C. Leber - Tome 1 (537 p)
Catalogue des livres de la bibliothèque de C. Leber - Tome 2 (476 p)
Catalogue des livres de la bibliothèque de C. Leber - Tome 3 (349 p)
Blavier le cite d'une traite avec Delepierre, Brunet et Nodier. Tout comme eux il ne s'agit pas d'un fou mais d'un collectionneur d'ouvrages plus ou moins curieux. Leber était un historien et bibliophile. Il vendit sa collection à la bibliothèque de Rouen (le 'fonds Leber' peut y être consulté) en 1839 et se retira. Ces trois volumes décrivent cette collection. Malheureusement les illustrations n'ont pas été scannées complètement. Il publia un quatrième catalogue des volumes qu'il acquit après la vente.Il collectionnait également les cartes à jouer et les tarots, et le 'Tarot de Leber' ou 'de Rouen' est célèbre parmi les amateurs.
Table des matières du premier volume
Table des matières du deuxième volume
Parfois on se croirait consulter la bibliothèque de Fortsas.
61. Les Saintes Curiosités, par Pierre Clément, chanoine régulier. Langres, J. Boudrot, s.d., pet. in-8, v. fauve, fil.Il cite pas mal d'ouvrages licencieux, et quelques perles citées par Gerrit Komrij dans sa monumentale Kakafonie - Encyclopedie van de stront:
Examen d'une foule de questions singulières et curieuses sur des sujets tirés de l'écriture; par exemple: De quoi fut fait le corps d'Adam? - Quelle sorte de serpent tenta Eve? - Comment les enfants d'adam se mariaient avec leurs soeurs? - Quels étaient l'arche de Noé, la tour de Nemrod, l'Echelle de Jacob, le Bâton de Moïse, le Gobelet divinatoire de Joseph, etc., etc.
1019. Traité des dragons et escarboucles, par Jean-B. Panthot. Lyon, Amaulry, 1691, in-12, v. fauve, dent.
Bel exemplaire d'un livret curieux et peu commun.
2597. Receuil merd…, foir…, venteux et sentimental, contenant, entre autres fleurs d'éloquence, quelques morceaux rares et curieux, avec de nombreuses additions manuscrites et des notes, par Jamet; le tout orné de figures analogues à la matière. Crotone, l'an 100, pet. in-8, dos et coins de maroq. cit., rel. de Bibolet.D'autres seraient à leur place dans l'Encyclopédie des Farces et Attrapes de Caradec et Arnaud:
2598. L'Art de péter, augmenté de la Société des Francs-Péteurs. En Westphalie, 1776, in-12, v. acajou, fil.
2612. Les triomphes de l'Abbaye des Conards, sous le resveur en decimes fagot abbé des Conards, contenant les criées et proclamations faites depuis son advenement jusques à l'an présent; plus l'ingénieuse lessive qu'ils ont connardement monstrée aux jours gras, en l'an 1540; la létanie, l'antienne et l'oraison de l'an 1580. Rouen, Loys petit, 1587, pet. in-8, v. acajou, dent., tr. dor.Leber cite à la suite Bluet d'Arbères et Béroalde de Verville, tous deux toutefois omis car connus dans Blavier, mais repris par Nodier:
Facétie d'une grande rareté, dont on ne connait, à Paris, que trois exemplaires le nôtre compris. Le titre annonce un débordement de folies, et il dit vrai; mais ce livre, si fantastique en apparence, a toute l'exactitude d'un procès-verbal; toutes ces folies sont de l'histoire.
2570. L'intitulation et recueil de toutes les oeuvres de Bernard de Bluet Darberes (sic), comte de Permission, chevalier des ligues des treize cantons de Suisse… Paris, 1600-1604, 3 vol. pet. in-12, v. fauve, fil., tr. dor., nombreuses fig. sur bois.
Recueil des plus singuliers et d'une insigne rareté dans son ensemble. Cet exemplaire est, non pas complet; on n'en connait aucun qui le soit; mais un des moins imparfaits qui aient paru dans les ventes depuis plus de trente ans. Il se compose de 103 livres, moins les livres de 86 à 90, qui ne se trouvent nulle part, et quelques autres parties, que compensent des variantes et des additions non indiquées dans les bibliographies. Tous les livres doubles, nécessaires et connus, sont d'ailleurs à leur place: le livre 75, remarquable par une figure licencieuse, qui manque quelquefois, est complet, et l'image bien conservée. — L'auteur, malgré ses extravagances, ou, si l'on veut, à cause de ses extravagances, est un homme à part, un visionnaire type, un animal rare et curieux, qui mérite d'être connu dans son origine; et toutefois sa biographie était encore à faire, quoiqu'il en ait fourni lui-même tous les matériaux, lorsqu'il est venu à l'esprit d'un autre Rubens (M. C. Nodier) de la pourtraire au vif dans un tableau de fous. Il faut, à la vérité, le lire pour le connaître, et la tâche peut sembler rude; mais on peut supposer aussi qu'il y a quelque chose à voir dans un livre qu'on paye jusqu'à 300 francs. Or la pièce la plus divertissante du recueil de Darbères, c'est Darbères. — V. l'Histoire de sa vie, liv. 70 et suiv.
2571. Le palais des curieux, auquel sont assemblées plusieurs diversitez pour le plaisir des doctes et le bien de ceux qui désirent savoir (par Béroalde de Verville). Paris, Guillemot et S. Thibout, 1612, pet. in-12, vél., dos de maroq. r.
Le moins connu, ou le plus méprisé des ouvrages de l'auteur; car personne n'en parle. Il y a pourtant quelques pages curieuses dans ce bouquin délaissé. C'est là que Béroalde se déclare le père du 'Moyen de parvenir'. (…) J'accorderai, sans réserve, à M. Nodier, juge souverain en matière de goût, que cet écrivain est 'le plus lourd, le plus diffus, voire le plus languissant des prosateurs de son temps', mais je n'admettrai pas aussi facilement 'qu'il n'ait eu aucune part au moten de parvenir'. Béroalde avoue qu'il a 'fait cet oeuvre, lequel est une satire universelle,', mais en protestant, comme de raison, contre 'l'insolence et les convices' de la perfide copie qui s'en était déjà répandue.
A la prochaine livraison nous examinerons les sources et les affluents du fleuve Blavier.
woensdag 4 januari 2012
Les Fous Littéraires online #002
Epiménide l'inspiré (79)
Le maître des bas de page
De son vrai nom Jean-Marie Chassaignon (1735-1795), le Larousse dit de lui"Mystique et instable, il fut en contact avec le mouvement illuministe lyonnais et publia une œuvre inclassable qui fascine par son étrangeté (…) La Révolution lui inspira une violente dénonciation du gouvernement jacobin."Blavier le nomme "défenseur des vierges cloîtrées", probablement à la suite de Brunet. Quérard en parle in "La France litteraire ou dictionnaire bibliographique des savants", tome 2, p. 145:
"J.-M. Chassaignon avait laissé beaucoup de manuscrits que son frère, épicier à Lyon, a employé pour envelopper les drogues de sa boutique."Delepierre lui consacre un chapitre dans don "Histoire littéraire des fous", p. 163-170:
"Une mauvaise gravure représentant l'auteur en robe de chambre, assis à son bureau, ayant derrière lui la Renommée et la Muse de l'histoire, se trouve vis à vis du titre du 1er volume. Au dessous sont gravés les cinq vers suivants:"Chassaignon a certainement tenu parole, car il n'a imité qui que ce soit, mais ses voeux sont restés inexaucés, il n'a heureusement servi d'exemple à personne", ajoute Delepierre avec sa verve Brugeoise.
Muses, retirez-vous, je cède à mon génie,
Un coeur comme le mien est au dessus des lois.
La crainte fit les dieux, l'aufdace fit les rois,
Qui consulte est un lâche et ne fait point écrire.
Servons d'exemple, et n'imitons personne."
Chassaignon, Narcisse de son temps, était un exalté. Aujourd'hui on le diagnostiquerait maniaco-dépressif, ou peut-être bipolaire. En général ces écrits contiennent pas mal de morceaux très sensés, car Chassaignon était fort érudit; mais le tout baigne dans le miasme du culte du soi et la persécution convulsive.
Dans sa préface de plus de cent pages de son oeuvre maîtresse, l'auteur s'adule profondément, se couronne sans réserves, se mire à sa resplendissante gloire, se fricote sans vergogne la moelle du moi. Il insulte tout "mécréant qui doute de notre supériorité originale" et vitupère contre qui le contrerait: "je l'en préviens, je lui fais effacer ses écrits dans des larmes de sang, j'imprime sur son front le fer de la satyre, rougi sur une braise infernale, et on le verra convulsionner sous le poignard du remords". Ne manque que le petit bout de bois dans les oneilles. Il se compare aussi aux autres: "Voltaire, J. Jacques, Corneille, et Montesquieu n'ont pas senti ce que je sens. Je me préfère moi à tous ces fastidieux personnages". Il décrit plusieurs ensuite de ses visions en un style empreint de lyrisme frénétique. Puis suivent quelques chapitres dénigrant la littérature de son temps.
Un chapitre entier du tome 2 est consacré à la scribomanie, dont l'auteur s'avoue être atteint, mais non seulement il s'en fout mais il en est fier.
Chassaignon semble poussé dans l'art des notes de bas pages. La plus grande partie du tome 3 est un long texte intitulé "Détachement ou entrailles du monstre" composé uniquement de notes, qui originellement étaient éparpillées au bas des pages dans les volumes, mais qu'il rassembla ici car elles "y occasionnaient une espèce d'engorgement et d'obstruction. Pour dégager la masse, vider le ventricule, et éclaircir le cahos, on a cru devoir en détacher les parties hétérogènes, indigestes et compliquantes et donner ces notes en supplément". Ce qui ne l'empêcha pas néanmoins de semer des notes partout. En effet même la plupart des notes de ce chapitre comportent elles-mêmes des notes de bas de page. Ainsi au bout de 12 pages de la note 14, la note de bas de page (f) s'installe et insiste. Elle remplit à elle seule presque entièrement 13 pages et contient en outre deux anecdotes et une prophétie.
Au milieu du quatrième volume il y a trois chapitres imprimés partiellement en encre rouge. "Fin du monstre et de ses entrailles, suivie de la fin du monde et d'une esquisse des Enfers", "Arrière-Monstre, plus terrible que le Monstre" et "Paraphrase des prophéties d'Ezéchiel, etc. etc., visions, enfers, apocalypse nouvelle. Offrande au Clergé", ce dernier étant dirigé entièrement contre Voltaire. Les images ci-dessous ont été adaptées pour donner une idée de l'effet, car malheureusement le volume a été scanné en noir.
Les nudités, ou Les crimes du peuple (365 p.)
Dans cet ouvrage Chassaignon décrit les problèmes que sa condition mentale lui attirèrent. C'est une collection hétéroclite de textes, parfois politiques ou religieux, de théatre, dont un unique Acte V, suivi d'une note soudaine de huit pages, de dialogues et de proses diverses. Il y a des listes numérotées qui apparaissent tout d'un coup et qui ne mènent à rien, avalés par la masse des mots. Il y a quelques pages partagées en hauteur où deux sous-chapitres parallèles s'opposent comme pour se comparer. Et à nouveau il y a des chapitres de notes et de sous-notes. Il y a même une note qui constitue un chapitre de bas de page. Cela me rappelle les bandes dessinées de Segar ou de Herriman, où Popeye était accompagné des aventures en trois cases du Timble Theatre ou de Sappo, et où Krazy Kat s'accompagnait lui-même en miniature.
En bref il n'est pas très clair si l'auteur débute un nouveau chapitre ou s'il déambule autour de ses idées avant de les rejoindre, surpris, un peu par hasard plus loin. Sur de telles prémisses Alphonse Allais a atteint le sublime avec le Petit Marquoir.
Il n'y a pas de table, mais voici les titres à la suite (notez l'errata):
- Premier cabinet - Vestibule. A nosseigneurs les gueux magnifiés, les canaillocrates, adamites, caïnistes, sicaires, sanguivores, flagellistes, stercoristes. p. 1
- Plafond au plus grand des mortels débout (sic) dans le néant. p. 23
- Nudités, ou notes de la première dédicace p. 33
- traduction en prose des vers satyrico-dramatiques de Juvénal. p. 60
- La Paque constitutionnelle. Acte V. p. 62
- Exorde p. 77
- Second cabinet - Vestibule. Aux bouchers - Patres, et aux troupeax stupides. p. 88
- Plafond. A un grand physicien qui dort dans l'assemblée des rois ou valets-rois p. 90
- Nudités, ou notes de la seconde dédicace p. 101
- Histoire du système d la nature, divisé en trois parties. p. 117
- Cabinet dans le cabinet (1) p. 145
- Troisième cabinet - Vestibule. p. 217
- Petit supplément p. 224
- Plafond. Ou ma confession générale au célèbre Adrien Tête-Lamour dit Lamourette, académicien d'Arras, théologien de la liberté, inspirateur de Riquetti, frère de Fauchet, et le plus grand des évêques propagandistes. p. 229
Nudités, ou notes de la troisième dédicace p. 255 - Instructions Chyromanciques d'Adrien Sicler, dit Lamouret / Instructions Pastorales d'Adrien Tête-Lamour, dit Lamourette. p. 292 (2)
- Errata p.364
(1) chapitre en bas de page
(2) sous-chapitres parallèles
"(…) il a plu à l'amateur E.R. Ulisse de me provoquer, de m'appeler en champ clos; j'ai pris tranquillement le revers du cartel, j'ai épié la figure de mon homme, j'ai promené la sanguine, j'ai coloré quelques linéamens, j'ai placé la naissante effigie sur le chevalet, et mon salon s'est ouvert à la curiosité publique. Le pygmée patriote que j'ai ébauché est atteint d'une probité radicale, d'une incurable bienveilance et d'une circonspection pusillanime, qui nouent les facultés et l'empêchent d'atteindre à la hauteur d l'Hercule constitutionnel."
Mon concitoyen Delepierre ci-dessus mentionne encore
- Eloge de la brotade par un enthousiaste
- Les usines de Lyon, ode
- Offrande à Chalier, ou idées vraies et philosophiques tracées à la hâte et offertes à son dernier officieux
Etrennes, ou adresse à mm. les rédacteurs du "Courrier de Lyon", à tous les journalistes, feuillistes, lecteurs, abonnés, etc. (16 p.)
Un texte court, une fois n'est pas coutume (toutefois ce document semble incomplet), ainsi que
Les états généraux de l'autre monde, vision prophétique. Le tiers-état rétabli pour jamais dans tous ses droits, par la resurrection des bons rois et la mort éternelle des tyrans (566 p.)
Deux tomes, comme il se doit truffés de notes, combinés dans un fichier PDF. Dans le chapitre intitulé "Coup d'oeuil sur la grande assemblée de l'autre monde" on contemple le trône divin entouré de sa cour. Chassaignac arrive à caser ses copains décédés au dernier rang.
A la page 175 du deuxième tome, les notes de bas de page reprennent le dessus. Et à la fin du volume il y a même un supplément à une note, qui fait 16 pages, lui-même amplement pourvu de notes.
La conclusion de la page 261 de cet ouvrage politique en ces temps révolutionnaires (Chassaignon écrit vers la fin du dix-huitième siècle) semble tout droit (si j'ose m'exprimer ainsi) sortie d'un discours du maire de Champignac:
La moëlle de lion dont le Centaure, instituteur d'Hercule et d'Achille, nourrissait ses élèves, n'eût pas convenu à tous les hommes: il ne faut pas donner des liqueurs brûlantes à une tête ivre, ni des aliments forts à un estomac débile. Chez un peuple qui fut longtemps esclave, que le tocsin de l'insubordination vient de réveiller en sursaut, et qui ne veut voir dans la verge qui l'a châtié, l'instrument des vengeances divines, n'est-il pas à craindre que l'armure de la liberté aiguisée par une aveugle colère, et devenant une faux tranchante et parricide, n'abatte les têtes les plus sacrées, et ne coupe les liens les plus nécessaires?Chassaignac, Champignon, c'est kif-kif.
La prochaine livraison traitera de Jean-François Lelut et de Constant Leber.
maandag 2 januari 2012
Les Fous Littéraires online #001
J'aimerais ici partager un projet que j'ai débuté il y peu. Le livre d'André Blavier "Les fous littéraires" est probablement le livre que j'emmènerais sur une île déserte. En espérant que l'île soit suffisamment étendue pour héberger la bibliothèque Borgésienne qu'est ce surprenant Opus que le Transcendant Satrape a collectionné sa vie durant.
Je me suis toujours demandé s'il était possible de retrouver ne fut-ce que la "quintessence tirée du quart", ou même un d'un dixième, des livres mentionnés. Je m'imagine que la bibliothèque de Liège en possède un certain nombre, ainsi que la bibliothèque de Paris. Une recherche rapide sur used.addall en fait découvrir pas mal. Des éditeurs spécialisés dans la réédition, par certains considérés comme des flibustiers du facsimilé, impriment à la demande des versions scannées à tire-larigot. Tout cela coûte quand même, vu la quantité des volumes, la peau des farfadets. Sans savoir si cela en vaut la peine, car certains ouvrages n'ont jamais été découverts par Blavier et il n'en donne qu'une description de seconde main.
Alors je me suis mis à rechercher les sources de ces versions scannées, et à ma grande surprise, à peu près la moitié des livres mentionnés dans les Fous Littéraires peuvent être téléchargés, et leur nombre augmente. En plus j'ai découvert pas mal d'ouvrages non mentionnés d'auteurs qui le sont pourtant bien. Trois grands sites proposent en effet la sauvegarde de documents libres de droits:
J'aimerais partager ces découvertes sur ce blog à mesure de quelques auteurs par livraison. Pour accéder à la totalité des articles, cliquez sur 'Blavier digital' ci-contre.
Pour le moment je n'en suis qu'à la fin de la deuxième partie, il me reste donc beaucoup à faire. Entre parenthèses à côté du nom de l'auteur j'ai noté la page où l'auteur apparaît dans la dernière édition augmentée (des Cendres).
Histoire abrégée de la vie de Jean-François Marmiesse, prêtre octogénaire du diocèse de Cahors, écrite par lui-même, contenant les révélations divines qui lui ont été faites. Tome 1
C'est une idéé un peu bizarre d'écrire son autobiographie en deux volumes, mais il n'est pas le seul et le fait que ce petit curé est connu uniquement par le fait même de les avoir écrits n'y change rien. En fait c'est même plutôt bien écrit, mais malheureusement d'un ennui mortel. Le tome 1 fait 388 pages, le second, 460. Ce texte fait songer à un fou qui marmonne sans arrêt dans son coin.
Je suppose que Marmiesse garda un journal sa vie durant. Cela me rappelle un épisode du Saint où Simon Templar rend visite à son oncle qui confie tout ce qui lui arrive à l'écrit, et où le pan d'une énigme est découvert grâce à la librairie impressionante de l'oncle, constituée uniquement des volumes de son journal. Mais Marmiesse alla plus loin. Au contraire de Bartlebooth, qui lui aussi consacra les dernières années de sa vie à retracer ses pas, lui, il voulut partager. Alors il publia ses mémoires à la fin de sa vie.
Il a même gardé un journal de songes, et c'est la seule table prévue car il n'y a aucun chapitre. Ainsi les trois songes suivants:
Dans ces deux volumes on trouve un jet presque continu d'anecdotes d'une rare banalité, relatant les aventures inexistantes d'un nombre immense de gens qu'il croisa dans sa vie, entrecoupé de lettres d'un intérêt inexistant, débordant au-delà de ses mémoires en décrivant les histoires encore plus insipides des amis des amis des amis (((Ce qui aurait pu être excellent s'il s'était servi de parenthèses Rousselliennes))). Cela ressemble au résultat qu'aurait donné Twitter au dix-neuvième siècle, je suppose. En plus long.
C'est à peine si l'auteur ne décrit ses selles. Un exemple au hasard.
Puis tout d'un coup le ton change: à partir de la page 197 l'auteur part en croisade. Il bave d'admiration pour notre Sainte mère l'Eglise, et j'avoue que ça délasse un tantinet après la fadeur qui précède. Ainsi il décrit p. 209 la différence entre les catholiques et les hérétiques et p. 214 les plaintes mal fondées des hérétiques. On pense qu'il regrette l'inquisition. Après cet essai théologique, à partir de la page 226 la diarrhée ininterrompue de mémoires reprend son cours.
Un peu d'action toutefois à partir de la page 289, où Marmiesse décrit à nouveau méticuleusement un songe. Cette fois il a même fait faire une gravure (la seule illustration dans ce torrent de phrases) pour bien expliquer de quoi il s'agit. On est bien content qu'il l'ait fait, sinon on aurait eu du mal à s'y retrouver. Quand on veut bien s'expliquer, on fait un dessin:
L'explication enthousiasmée du rêve lui prend jusqu'à la page 304. Le volume 1 se termine par
Passons sur le flot ininterrompu du tome 2 jusqu'à la page 432. Là, tout d'un coup, Marmiesse est pris d'une crise de lyrisme et décrit l'éternité en deux pages.
Le tome deux se termine abruptement à la fin d'une millième anecdote, par un cryptique
Au premier coup d'oeil du titre tautologique on pourrait douter qu'il s'agit de l'ouvrage d'un fou (si ce n'était l'opinion que les fous c'est les autres), mais d'une étude à partir de l'énoncé de l'Ecclésiastique (I, 15) Stullorum infinitus est numerus (le nombre de fous est infini). Une opinion que je ne peux qu'approuver, et un plagiat par anticipation de la pensée d'Einstein sur la bêtise humaine.
Comme quoi les apparences trompent. En bon cureton l'auteur n'a pas pu s'empêcher de titrer son premier chapitre "La folie des athées". Ci-dessous la tables des matières religieuses. La division des chapitres en classes me fait un peu penser aux Dantesques cercles de l'enfer. Les chapitres sont accompagnés de citations bibliques parfois un peu étranges, tel "Nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre (Luc, V, 5)" au chapitre 3 (moi aussi ça m'arrive parfois), ou "Les vierges folles dirent aux sages: Donnez-nous un peu de votre huile (Matth., XXV, 8)" au chapitre traitant des tièdes (peut-être qu'il voulait les cramer), ou encore "Dites à ceux qui n'ont pas de coeur: Allons, du courage, et n'ayez pas peur (Isaïe, XXXV, 4)" pour le chapitre sur les peureux, ce qui doit forcément les réconforter énormément. On dirait qu'il s'est affairé à rechercher les phrases les plus déjantées de la bible. Encore heureux qu'il n'ait pas cité le "Vas et repens-toi" pour les suicidaires.
Heureusement le RP indique des causes (la connerie, entre autres, le régent de Morosophie acquiescerait) et propose des remèdes. Dont le moindre n'est pas de penser à la mort. Autant dire, arrêtez donc de faire le con et rendez-vous bien compte que quoi que vous fassiez vous allez crever quand même, ce qui est quand même d'une grande consolation. Un autre ouvrage du même auteur ne porte-t-il d'ailleurs pas le titre réjouissant "La science de bien mourir"?
La prochaine livraison tournera autour de Louis-François Lelut et Epiménide l'inspiré.
Je me suis toujours demandé s'il était possible de retrouver ne fut-ce que la "quintessence tirée du quart", ou même un d'un dixième, des livres mentionnés. Je m'imagine que la bibliothèque de Liège en possède un certain nombre, ainsi que la bibliothèque de Paris. Une recherche rapide sur used.addall en fait découvrir pas mal. Des éditeurs spécialisés dans la réédition, par certains considérés comme des flibustiers du facsimilé, impriment à la demande des versions scannées à tire-larigot. Tout cela coûte quand même, vu la quantité des volumes, la peau des farfadets. Sans savoir si cela en vaut la peine, car certains ouvrages n'ont jamais été découverts par Blavier et il n'en donne qu'une description de seconde main.
Alors je me suis mis à rechercher les sources de ces versions scannées, et à ma grande surprise, à peu près la moitié des livres mentionnés dans les Fous Littéraires peuvent être téléchargés, et leur nombre augmente. En plus j'ai découvert pas mal d'ouvrages non mentionnés d'auteurs qui le sont pourtant bien. Trois grands sites proposent en effet la sauvegarde de documents libres de droits:
- Gallica, le site de la bibliothèque de France;
- Google books, qui parfois offre des versions complètes;
- et l'Internet Archive, qui non seulement prétend archiver tout (ou en tous cas une grande partie de) l'internet, mais aussi offre de plus en plus d'ouvrages francophones scannés par des universités Américaines.
J'aimerais partager ces découvertes sur ce blog à mesure de quelques auteurs par livraison. Pour accéder à la totalité des articles, cliquez sur 'Blavier digital' ci-contre.
Pour le moment je n'en suis qu'à la fin de la deuxième partie, il me reste donc beaucoup à faire. Entre parenthèses à côté du nom de l'auteur j'ai noté la page où l'auteur apparaît dans la dernière édition augmentée (des Cendres).
Introduction
Marmiesse, Jean-François (46, 97)
Histoire abrégée de la vie de Jean-François Marmiesse, prêtre octogénaire du diocèse de Cahors, écrite par lui-même, contenant les révélations divines qui lui ont été faites. Tome 1
Histoire abrégée de la vie de Jean-François Marmiesse, prêtre octogénaire du diocèse de Cahors, écrite par lui-même, contenant les révélations divines qui lui ont été faites. Tome 2
C'est une idéé un peu bizarre d'écrire son autobiographie en deux volumes, mais il n'est pas le seul et le fait que ce petit curé est connu uniquement par le fait même de les avoir écrits n'y change rien. En fait c'est même plutôt bien écrit, mais malheureusement d'un ennui mortel. Le tome 1 fait 388 pages, le second, 460. Ce texte fait songer à un fou qui marmonne sans arrêt dans son coin.
Je suppose que Marmiesse garda un journal sa vie durant. Cela me rappelle un épisode du Saint où Simon Templar rend visite à son oncle qui confie tout ce qui lui arrive à l'écrit, et où le pan d'une énigme est découvert grâce à la librairie impressionante de l'oncle, constituée uniquement des volumes de son journal. Mais Marmiesse alla plus loin. Au contraire de Bartlebooth, qui lui aussi consacra les dernières années de sa vie à retracer ses pas, lui, il voulut partager. Alors il publia ses mémoires à la fin de sa vie.
Il a même gardé un journal de songes, et c'est la seule table prévue car il n'y a aucun chapitre. Ainsi les trois songes suivants:
II° - Après ma communion, j'entends une voix dans ma poitrine qui me dit: Je ne suis pas un tyran.Se retrouvent à la page 70. Typographiquement c'est pas mal trouvé de les accompagner d'une croix. J'aurais aimé en trouver plus.
III° - Après ma communion, j'entends une voix dans ma poitrine qui me dit: Je suis le père de cet enfant.
IV° - Un jour après ma communion, j'entends une voix dans l'intérieur de ma poitrine qui me dit: Tu veux donc me quitter?
Dans ces deux volumes on trouve un jet presque continu d'anecdotes d'une rare banalité, relatant les aventures inexistantes d'un nombre immense de gens qu'il croisa dans sa vie, entrecoupé de lettres d'un intérêt inexistant, débordant au-delà de ses mémoires en décrivant les histoires encore plus insipides des amis des amis des amis (((Ce qui aurait pu être excellent s'il s'était servi de parenthèses Rousselliennes))). Cela ressemble au résultat qu'aurait donné Twitter au dix-neuvième siècle, je suppose. En plus long.
C'est à peine si l'auteur ne décrit ses selles. Un exemple au hasard.
"Etant donc chez lui, il me rapporta l'anecdote que voici: à Cours, un noble voyageur vint entendre la messe un jour de fête ou de dimanche. Il fut se mettre au banc des consuls; mais il ne s'en doutoit pas. Quelque temps après, un meunier vint se mettre à son côté; M. le noble ayant son épée à son côté, ne se trouvoit pas flatté d'avoir cet homme à son côté: il se mit à le gigotter; enfin il le gigotta tant, qu'il mit le meunier à n'avoir plus qu'un genou sur le banc: pour lors, le meunier prit son écharpe qui étoit appendue au mur, et la mis sur son épaule. M. le noble voyant cela, prit son chapeau, sortit de l'église et s'en alla." (p. 158)Et c'est ainsi tout le long des volumes. Passionnant, non? On se croirait en train de regarder une vidéo de sécurité à la caisse du supermarché.
Puis tout d'un coup le ton change: à partir de la page 197 l'auteur part en croisade. Il bave d'admiration pour notre Sainte mère l'Eglise, et j'avoue que ça délasse un tantinet après la fadeur qui précède. Ainsi il décrit p. 209 la différence entre les catholiques et les hérétiques et p. 214 les plaintes mal fondées des hérétiques. On pense qu'il regrette l'inquisition. Après cet essai théologique, à partir de la page 226 la diarrhée ininterrompue de mémoires reprend son cours.
Un peu d'action toutefois à partir de la page 289, où Marmiesse décrit à nouveau méticuleusement un songe. Cette fois il a même fait faire une gravure (la seule illustration dans ce torrent de phrases) pour bien expliquer de quoi il s'agit. On est bien content qu'il l'ait fait, sinon on aurait eu du mal à s'y retrouver. Quand on veut bien s'expliquer, on fait un dessin:
L'explication enthousiasmée du rêve lui prend jusqu'à la page 304. Le volume 1 se termine par
"Elle a son médecin, son chirurgien, et du linge",Ce qui devait laisser les lecteurs de l'époque pantelants en l'attente d'une suite.
Passons sur le flot ininterrompu du tome 2 jusqu'à la page 432. Là, tout d'un coup, Marmiesse est pris d'une crise de lyrisme et décrit l'éternité en deux pages.
Le tome deux se termine abruptement à la fin d'une millième anecdote, par un cryptique
"N'ai-je donc pas raison de dire que je n'ai pas voulu vendre chat en poche: mais que peuvent tous les efforts des hommes quand le Très-Haut a résolu de réunir vingt-six millions d'hommes? J'ai même remarqué qu'il se sert de l'opposition des hommes pour exécuter ce qu'il a résolu de toute éternité, et on le verra dans mon histoire, qui sous peu de jours sera imprimée"A mon avis cette tournure pouvait faire craindre au lecteur que l'auteur oserait pondre encore un tome, ce qui grâce à Dieu nous a été épargné. Je suggère d'écouter 'C'est vraiment très intéressant' de Patrick Topaloff en mode replay en lisant ces ouvrages.
Lefebvre, Révérend père A. (63)
De la folie en matière de religion
462 p.Au premier coup d'oeil du titre tautologique on pourrait douter qu'il s'agit de l'ouvrage d'un fou (si ce n'était l'opinion que les fous c'est les autres), mais d'une étude à partir de l'énoncé de l'Ecclésiastique (I, 15) Stullorum infinitus est numerus (le nombre de fous est infini). Une opinion que je ne peux qu'approuver, et un plagiat par anticipation de la pensée d'Einstein sur la bêtise humaine.
Comme quoi les apparences trompent. En bon cureton l'auteur n'a pas pu s'empêcher de titrer son premier chapitre "La folie des athées". Ci-dessous la tables des matières religieuses. La division des chapitres en classes me fait un peu penser aux Dantesques cercles de l'enfer. Les chapitres sont accompagnés de citations bibliques parfois un peu étranges, tel "Nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre (Luc, V, 5)" au chapitre 3 (moi aussi ça m'arrive parfois), ou "Les vierges folles dirent aux sages: Donnez-nous un peu de votre huile (Matth., XXV, 8)" au chapitre traitant des tièdes (peut-être qu'il voulait les cramer), ou encore "Dites à ceux qui n'ont pas de coeur: Allons, du courage, et n'ayez pas peur (Isaïe, XXXV, 4)" pour le chapitre sur les peureux, ce qui doit forcément les réconforter énormément. On dirait qu'il s'est affairé à rechercher les phrases les plus déjantées de la bible. Encore heureux qu'il n'ait pas cité le "Vas et repens-toi" pour les suicidaires.
Heureusement le RP indique des causes (la connerie, entre autres, le régent de Morosophie acquiescerait) et propose des remèdes. Dont le moindre n'est pas de penser à la mort. Autant dire, arrêtez donc de faire le con et rendez-vous bien compte que quoi que vous fassiez vous allez crever quand même, ce qui est quand même d'une grande consolation. Un autre ouvrage du même auteur ne porte-t-il d'ailleurs pas le titre réjouissant "La science de bien mourir"?
La prochaine livraison tournera autour de Louis-François Lelut et Epiménide l'inspiré.
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