vrijdag 14 juni 2013

La terre n'est pas une vallée de larmes


Viens de terminer la lecture du facsimilé de "La terre n'est pas une vallée de larmes" chez La Boétie.Un numéro unique, publié en 1945 par Marcel Mariën, après avoir rassemblé des textes avec Christian Dotremont pendant la guerre. Des textes de Noël Arnaud, André Breton, René Char, Oscar Dominguez, Christian Dotremont, Paul Éluard, Irène Hamoir, René Magritte, Marcel Mariën, Paul Nougé, Henri Parisot, Pablo Picasso, Charles Pry, Raymond Queneau, Louis Scutenaire et Raoul Ubac.

Riche récolte d'aphorismes.

De Christian Dotremont avant tout:

Nous usons de mots pour parler de légumes, et d'hégelianisme. Mais non de légumes pour parler des mots.

Un objet est grand si peu de mots le délimitent, le partagent.
 

'Ce sucre n'est pas en morceaux', dit-il. L'image mentale montre du sucre en morceaux.

On peut répéter 'je' dix fois en trois lignes, mais non 'narguer', ou 'violon', 'jeu'.

Devenu particulier, un fait change de nom: 'habitude' devient 'intoxication'. Et devenu général: 'superstition' devient 'religion', 'foi'. Le secret est que tous les mots sont plus ou moins synonymes. Mais qu'il n'est pas deux mots jumeaux.

De Marcel Mariën:

Je fus ma mère pendant huit mois et des jours.

Couper une poire en deux ( ou tout autre objet), ce n'est pas toucher à l'intérieur de la matière, mais l'agrandir, créer comme un nouvel 'extérieur', additionner le monde d'une image.

Et dans un long texte sur Magritte d'un des plus grands aphoristes:

Magritte est un grand peintre, Magrite n'est pas un peintre.
(Louis Scutenaire)