donderdag 12 januari 2012

Les Fous Littéraires online #003

Lélut, Louis-François (66)

L'amulette de Pascal: pour servir à l'histoire des hallucinations (392 p)


Table:


Du même, non cité par Blavier:

Du démon de Socrate, spécimen d'une application de la science psychologique à celle de l'histoire (371 p)


Table de cet ouvrage:


Le très sérilleux Emmanuel Chauvet, historien et philosophe des sciences, consacra en 1870 une monographie à Lelut:

Les médecins-philosophes contemporains, M. Lélut (384 p)

Chauvet débute par déplorer l'état des sciences de son époque "Une multitude infinie de sciences particulières, non-seulement distinctes, mais séparées, isolées, indépendantes, ignorantes ou dédaigneuses les unes des autres, se développant dans la solitude et s'y complaisant. Autrefois, naguère, les savants avaient la généreuse ambition de l'universalité: il leur paraissait que les sciences sont si étroitement liées entre elles que, pour en posséder une, il faut les embrasser toutes". "L'univers comprend mille parties différentes; mais toutes ces parties, liées entre elles par un merveilleux enchaînement, une harmonie sublime, un ordre divin". "Comme toutes les parties de l'univers ne composent qu'un seul univers parfaitement un, toutes les différentes sciences ne doivent composer qu'une seule science parfaitement une". 
Déjà à l'époque on évoquait donc une ébauche de la Grand Unifying Theory, la théorie qui engloberait tout, qui produirait les quadrateurs du XX- et XXIième siècle. Quoiqu'à un tel niveau d'abstraction il semble fort arrogant de parler de folie scientifique, toutes ces théories étant tellement spécialisées, paradoxalement,  que seul une poignée d'expert peuvent en discuter; et certaines théorie ont l'heur de plaire le temps qu'il faut (tel la String Theory); néanmoins leur nombre croissant donne lieu à douter que la folie parfois n'est pas loin.
Pour en revenir à Chauvet et son appel à une science holistique, "S'il est deux sciences faites pour vivre dans un commerce familier, c'est à coup sûr la philosophie, par où j'entends la science de l'homme moral, et la médecine, par où j'entends la science de l'homme physique". La médecine de son temps (et en majeure partie du nôtre) est matérialiste et phénoménologique. Ce que nous nommons la conscience ou l'esprit manquent à l'équation. Soit. En tant que grande exception à cette règle Chauvet cite Lélut, médecin aliéniste fort connu à l'époque parmi ses confrères pour ses critiques de la phrénologie, mais moins connu pour ses deux ouvrages cités ci-dessus, se trouvant au carrefour de la philosophie et de la médecine.
Lélut étudie Socrate, ses visions et ses daimons, et analyse la magie hermétique des images à travers un feuillet découvert sur le grand rationaliste Pascal au moment de sa mort.
Facsimilé de l'écrit trouvé dans le pourpoint de Pascal après sa mort:
A mon avis somme toute des ouvrages de philosophie hermétique, tout au plus un peu étranges (tout comme la monadologie de Leibniz) qui au premier abord ne me semblent pas l'oeuvre d'un fou mais d'un érudit eccentrique comme on les aime.

Leber, Constant (80)

Catalogue des livres de la bibliothèque de C. Leber - Tome 1 (537 p)

Catalogue des livres de la bibliothèque de C. Leber - Tome 2 (476 p)


Catalogue des livres de la bibliothèque de C. Leber - Tome 3 (349 p)

Blavier le cite d'une traite avec Delepierre, Brunet et Nodier. Tout comme eux il ne s'agit pas d'un fou mais d'un collectionneur d'ouvrages plus ou moins curieux. Leber était un historien et bibliophile. Il vendit sa collection à la bibliothèque de Rouen (le 'fonds Leber' peut y être consulté) en 1839 et se retira. Ces trois volumes décrivent cette collection. Malheureusement les illustrations n'ont pas été scannées complètement. Il publia un quatrième catalogue des volumes qu'il acquit après la vente.
Il collectionnait également les cartes à jouer et les tarots, et le 'Tarot de Leber' ou 'de Rouen' est célèbre parmi les amateurs.
Table des matières du premier volume
Table des matières du deuxième volume

Parfois on se croirait consulter la bibliothèque de Fortsas.
61. Les Saintes Curiosités, par Pierre Clément, chanoine régulier. Langres, J. Boudrot, s.d., pet. in-8, v. fauve, fil.
Examen d'une foule de questions singulières et curieuses sur des sujets tirés de l'écriture; par exemple: De quoi fut fait le corps d'Adam? - Quelle sorte de serpent tenta Eve? - Comment les enfants d'adam se mariaient avec leurs soeurs? - Quels étaient l'arche de Noé, la tour de Nemrod, l'Echelle de Jacob, le Bâton de Moïse, le Gobelet divinatoire de Joseph, etc., etc.
1019. Traité des dragons et escarboucles, par Jean-B. Panthot. Lyon, Amaulry, 1691, in-12, v. fauve, dent.
Bel exemplaire d'un livret curieux et peu commun.
Il cite pas mal d'ouvrages licencieux, et quelques perles citées par Gerrit Komrij dans sa monumentale Kakafonie - Encyclopedie van de stront:
2597. Receuil merd…, foir…, venteux et sentimental, contenant, entre autres fleurs d'éloquence, quelques morceaux rares et curieux, avec de nombreuses additions manuscrites et des notes, par Jamet; le tout orné de figures analogues à la matière. Crotone, l'an 100, pet. in-8, dos et coins de maroq. cit., rel. de Bibolet.
2598. L'Art de péter, augmenté de la Société des Francs-Péteurs. En Westphalie, 1776, in-12, v. acajou, fil.
D'autres seraient à leur place dans l'Encyclopédie des Farces et Attrapes de Caradec et Arnaud:
2612. Les triomphes de l'Abbaye des Conards,  sous le resveur en decimes fagot abbé des Conards, contenant les criées et proclamations faites depuis son advenement jusques à l'an présent; plus l'ingénieuse lessive qu'ils ont connardement monstrée aux jours gras, en l'an 1540; la létanie, l'antienne et l'oraison de l'an 1580. Rouen, Loys petit, 1587, pet. in-8, v. acajou, dent., tr. dor.
Facétie d'une grande rareté, dont on ne connait, à Paris, que trois exemplaires le nôtre compris. Le titre annonce un débordement de folies, et il dit vrai; mais ce livre, si fantastique en apparence, a toute l'exactitude d'un procès-verbal; toutes ces folies sont de l'histoire.
Leber cite à la suite Bluet d'Arbères et Béroalde de Verville, tous deux toutefois omis car connus dans Blavier, mais repris par Nodier:
2570. L'intitulation et recueil de toutes les oeuvres de Bernard de Bluet Darberes (sic), comte de Permission, chevalier des ligues des treize cantons de Suisse… Paris, 1600-1604, 3 vol. pet. in-12, v. fauve, fil., tr. dor., nombreuses fig. sur bois.
Recueil des plus singuliers et d'une insigne rareté dans son ensemble. Cet exemplaire est, non pas complet; on n'en connait aucun qui le soit; mais un des moins imparfaits qui aient paru dans les ventes depuis plus de trente ans. Il se compose de 103 livres, moins les livres de 86 à 90, qui ne se trouvent nulle part, et quelques autres parties,  que compensent des variantes et des additions non indiquées dans les bibliographies. Tous les livres doubles, nécessaires et connus, sont d'ailleurs à leur place: le livre 75, remarquable par une figure licencieuse, qui manque quelquefois, est complet, et l'image bien conservée. — L'auteur, malgré ses extravagances, ou, si l'on veut, à cause de ses extravagances, est un homme à part, un visionnaire type, un animal rare et curieux, qui mérite d'être connu dans son origine; et toutefois sa biographie était encore à faire, quoiqu'il en ait fourni lui-même tous les matériaux, lorsqu'il est venu à l'esprit d'un autre Rubens (M. C. Nodier) de la pourtraire au vif dans un tableau de fous. Il faut, à la vérité, le lire pour le connaître, et la tâche peut sembler rude; mais on peut supposer aussi qu'il y a quelque chose à voir dans un livre qu'on paye jusqu'à 300 francs. Or la pièce la plus divertissante du recueil de Darbères, c'est Darbères. — V. l'Histoire de sa vie, liv. 70 et suiv.
2571. Le palais des curieux, auquel sont assemblées plusieurs diversitez pour le plaisir des doctes et le bien de ceux qui désirent savoir (par Béroalde de Verville). Paris, Guillemot et S. Thibout, 1612, pet. in-12, vél., dos de maroq. r.
Le moins connu, ou le plus méprisé des ouvrages de l'auteur; car personne n'en parle. Il y a pourtant quelques pages curieuses dans ce bouquin délaissé. C'est là que Béroalde se déclare le père du 'Moyen de parvenir'.  (…) J'accorderai, sans réserve, à M. Nodier, juge souverain en matière de goût, que cet écrivain est 'le plus lourd, le plus diffus, voire le plus languissant des prosateurs de son temps', mais je n'admettrai pas aussi facilement 'qu'il n'ait eu aucune part au moten de parvenir'. Béroalde avoue qu'il a 'fait cet oeuvre, lequel est une satire universelle,', mais en protestant, comme de raison, contre 'l'insolence et les convices' de la perfide copie qui s'en était déjà répandue.

A la prochaine livraison nous examinerons les sources et les affluents du fleuve Blavier.

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